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affiche
Peindre le silence
dates
Dates

7 et 8 juillet 2023

public
Public

200 spectateurs·trices

acteur
équipe

9 comédiens·nes

Jonathan Barry, Virgile Bosco, 
Camille Crouz-Simpson, Julie Demierre, Rachel Felli, Elisa Matthey, Chiara Occhipinti, Chloé Rohrbach et Charlie Verone

Mise en scène : 

Iris Baldoureaux-Fredon, Julia Botelho Leao De Carvalho, Fanny Holland, 

Nicolas Steullet


Scénographie : 

Irina De Faveri, Mathilde Gérard, Etienne Goussard, Charlotte Roche-Meredith

info
Informations

Stage N°6 supplémentaire dirigé par :

La Manufacture, école de théâtre.

Avec l'École de théâtre de Martigny

au Théâtre Benno Besson, Yverdon

Texte de Sandrine Roche
Soutient d'Elissa Bier, Frédéric Baudoin, Robert Cantarella et Sylvie Kleiber

Photos de Ivo Fovanna

en images
descriptif

Le Master Théâtre s’étend sur deux ans. À la moitié du parcours d’études, les étudiant·es s en mise en scène et en scénographie réalisent un travail dans des conditions réelles, dans un théâtre et devant un public. Ces jeunes artistes se confrontent ainsi aux réalités concrètes de leur futur métier, en éprouvant les enjeux d’une création scénique.

Cet atelier est réalisé en collaboration avec l'École de Théâtre de Martigny.

"Tout commence avec la découverte de douze fragments d’une tragédie perdue, La Niobé d’Eschyle. Quelques phrases tronquées, accompagnées de peintures sur cinq vases, témoignages ébréchés d’une version scénique passée. Je me plonge dans les formes et les mots comme dans un roman policier ; je remonte le temps.

Niobé, fille de Tantale, dont les 14 enfants sont tués sur ordre de la déesse Léto, pour la punir de sa vanité, et qui se pétrifie devant leurs corps sans tombeau. Une femme immobile et muette, au centre de la scène, pendant les trois premiers actes de la pièce d’Eschyle. Un ovni théâtral de l’antiquité.

Mon parti-pris de départ est de rester fidèle à Eschyle, c’est à dire de ne pas axer mon travail sur le drame de Niobé – le meurtre de ses enfants – mais sur le silence qui suit.

Je cherche dans les silences laissés par la littérature et la mythologie. L’offense à Léto est largement expliquée, le meurtre des Niobides aussi, mais tout ce qui précède cette offense, et donne une résonnance à ce qui succède au drame, n’apparaît nulle part. Mon endroit d’écriture se situera donc dans cette béance : retracer l’enfance de Niobé, décortiquer les drames familiaux successifs, les amitiés bafouées, tout ce qui pourrait avoir provoqué l’acte de parole outrée, puis le mutisme. C’est dans le pouvoir des mots que je cherche une issue : quel endroit de parole peut susciter le meurtre ? Qu’est-ce que provoque la parole, qui ne peut être lavé que dans la violence physique ? Je scrute du côté de la peinture ; navigue entre Bacon, Munch, Hopper, Hammershoi, Vermeer ; me plonge dans les couleurs et formes du silence et de la violence ; cherche des ponts avec mes mots. Et je décide de construire mon texte en m’appuyant sur un vocabulaire de peintre, en respectant les fameux cinq actes de la tragédie, pour parler des deux silences de Niobé : celui qui précède le drame, et celui qui le suit, dans la pétrification. Ma version du mythe, qui me permettra de rentrer en dialogue avec Eschyle, consistera donc à écrire exclusivement dans les trous.

Je propose ce travail aux étudiants des Masters Scénographie et Mise en Scène de La Manufacture. C’est un pari un peu fou, car nous débutons nos recherches sans que le texte ait été écrit. Nous passons une semaine à lire, chercher, discuter, nous confronter, croiser nos imaginaires pour trouver, ensemble, ce qui se cache au milieu des fragments eschyliens. Leur parole m’intéresse dans ce qu’elle énonce de différent de la mienne. Nous ne sommes pas de la même génération, n’avons pas grandi dans la même Grande Histoire. Le monde dans lequel je me suis construite est mis à mal par le leur. Iels réclament autre chose ; descellent les socles des statues sur lesquelles j’ai dû m’appuyer ; travaillent au creux de mes silences. Leur regard m’est précieux. J’écris pendant qu’iels cherchent. Nous reconstituons, bout par bout, le puzzle de notre Histoire, décortiquant les mots pour inventer les matériaux scéniques qui diront le résultat de nos discussions et réflexions."

– Sandrine Roche

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